Surdité de printemps

Le jour blanc se levait à peine sur la plaine,
Des gouttes d'eau tintaient dessus la pergola.
J'entendais la rumeur d'un orage de haine Et le ciel noir semblait recouvrir tous mes pas. Le poids de sa colère courbait ma frêle échine, Ainsi quand je marchais, cernée de toute part, De ses lances aiguisées, la bourrasque assassine Faisait de l'aube grise le plus fort des remparts. Quel vent traitre et obscur venait troubler juin
Qui, là-haut, dans les nues ordonnait la cabale ?
Aux mains des trombes d'eau, je devenais pantin, Tenu aux fils de pluie d'invisible cristal. Le faux vent de l'hiver sifflait entre les branches.
Qu'était donc devenu le printemps des beaux jours,
L'air tiède de la mer qui faisait nos dimanches ?
Espérons de l'été qu'il ne soit aussi sourd...
C'est un nouveau climat qui fait que l'on grelotte,
Que le pull des grands froids côtoie le lin léger,
Que sandales de corde se pressent contre botte
Au placard des saisons, étouffent les regrets... CLBF